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UTOPIE
29 août 2006

Golita est avec nous

L'hôpital psychiatrique où je travaille est séparé en plusieurs pavillons pour les patients, regroupés par secteur (sectorisation psychiatrique oblige). Pavillons qui comptent donc les chambres, les salles communes, et les buraux médicaux, ou ceux des cadres de santé. Il y a un bloc médical où sont réunis les bureaux des médecins, des psychologues, du cadre-chef, des assistantes sociales, des secrétaires.

Aujourd'hui, 11h, j'avais un saut à faire au pavillon dont j'ai la charge. Plus un détour à l'étage, parce que ma collègue est en congé.
Un truc anodin, ne relevant même pas du rôle d'assistante sociale: savoir si un patient a une mutuelle, demande du service des admissions.

La nana, moi, perd déjà beaucoup de temps au rez-de-chaussée, à parler aux patients, aux infirmiers. J'arrive à l'étage alors que j'aurais déjà du être partie au CMP (à 30km de l'hôpital). Tictactic, j'arrive au bureau infirmier du haut: "est-ce que Monsieur X est là? Est-ce que je peux le voir?". L'infirmier, déjà un peu dans la préparation de la distribution de médocs de midi, me dit "oui, oui, il est chambre X"... Tictactic, je vais dans la chambre, tout au bout du service, hyper loin du bureau infirmier. Bonjour Monsieur X, blablabla, et je rentre dans la chambre. La conne. Alors que je sais parfaitement quelles sont les rêgles de base de sécurité!! Aucun problème d'aller dans la chambre de certains patients, qu'on connaît, qui nous connaissent, ou selon leur personnalité, mais comme ça à l'autre bout d'un couloir, chez quelqu'un qu'on ne connaît pas, dont on ignore tout (motif d'hospitalisation, etc), la conne!
Dès que j'étais dans la pièce, il ferme la porte et s'assied devant. Je lui dis que ce n'est pas la peine de fermer, que ça va aussi comme ça, il se braque un peu, je n'insiste pas. J'embraye direct sur mon histoire de mutuelle, réalisant direct que je ne suis pas trop en position "confortable", et voulant expédier ça. Il n'arrêtait pas de se lever en serrant les poings, mais sans s'éloigner de sa chaise devant la porte. Dans ces cas là, autant rester zen et faire genre on ne remarque rien. Il a bloqué sur l'histoire de mutuelle, semblait absent à d'autres moments, et me fixait. Je lâche l'affaire et lui dis que ce n'est pas important, que je reviendrai quand il sera reposé, qu'il n'y a aucun souci, que ç va se rêgler. Il est d'accord, se lève, et se rassied. "Vous êtes assistante sociale? J'ai quelque chose à vous demander" (ça c'est cool, je me suis dit, une connexion à la réalité, j'avais bien compris qu'il était halluciné, voire délirant, donc parfait une allusion à la réalité!)... Tu parles... Il me dit être étudiant, qu'il a un code sur un compte internet distribuant des logements étudiants (il était étudiant il y a encore 6 ans, mais ne peut plus l'être du tout, complètement dépassé par sa maladie mentale), que je dois lui trouver un logement. Golita (moi) lui sort son baratin d'assistante sociale qui a de nouveau oublié qu'elle était dans une piaule fermée avec un patient très sthénique. "Vous allez venir à mon bureau, avec un infirmier, nous regarderons et règlerons ça ensemble, c'est mieux pour vous, etc etc". Crise "Mais vous ne pouvez pas vous débrouiller, mais vous ne comprenez pas, etc"... J'essaie de présenter ça sous un jour valorisant, que ça lui permettra de voir aussi, que dès demain ça peut être fait, mais non, il se lève, serre les poings, s'approche dangereusement. J'avais le coeur qui a commencé à battre très fort mais zen zen zen, heureusement encore que je suis confiante et que j'ai du sang-froid. Trop? Mais là crise... Pfffff... En temps normal, je recadre, je resitue, mais là... Autant aller dans le sens, priorité numéro 1 sortir! dire oui, mais sans confirmer, qu'il sera toujours temps de repositionner après. Il me laisse sortir, je souffle un grand coup une fois dans le couloir...
Je reviens au bureau des infirmiers, dit en deux mots ce qui vient de se passer, la psy pas contente du tout, qu'il faut faire attention avec M. X (elle visait et l'infirmier et moi), qu'il peut être agressif, et tout.

Golita est avec nous!

Vu une patiente à domicile sinon cet après-midi. Qui ne s'en sort plus dans ses papiers. Avec une infirmière, nous sommes donc venues faire le tri. La patiente, psychotique, la quarantaine, craint de ne plus avoir de sous. Elle a l'AAH et ne dépense quasiment rien, dans son village. Elle ne fume pas, ne sort pas, ni rien. Mais est complètement dépassée par le quotidient, depuis le décès de ses parents, en l'espace de trois mois. Une demande de curatelle est en cours, mais en attendant... Une table de cuisine et un canapé rempli de papiers divers, de factures... Mais aucun souci financier, 9 000€ sur le compte bancaire, sans compte encore l'assurance vie. Mais quel méli-mélo! 1h30 passée là-bas, à deux à faire le tri. Elle m'a touchée cette femme, perdue par la mort de ses parents.

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